Hier, j'ai regardé un film: "Un pont trop loin"

Un pont trop loin : Une épopée guerrière où l’ambition fait un peu déraper l’intérêt

Un pont trop loin (1977) est le genre de film de guerre épique où chaque détail semble avoir été passé au peigne fin… sauf peut-être la longueur et la gestion de l'intrigue. Inspiré de l’opération Market Garden, l’une des missions militaires alliées les plus ambitieuses et problématiques de la Seconde Guerre mondiale, le film met en scène une grande fresque militaire. Et quand je dis "grande", imaginez plutôt une énorme brochette de stars (Sean Connery, Michael Caine, Gene Hackman, Robert Redford,...) et de scènes de combats qui semblent durer des heures. Ici, les ponts à capturer s’entassent aussi vite que les cadavres, dans un film qui fait autant appel au sens de l’histoire qu’à la patience du spectateur.

L’Intrigue : Ponts sur ponts… et encore des ponts

L’histoire nous entraîne dans les méandres d'une opération où les Alliés tentent de capturer cinq ponts aux Pays-Bas pour envahir l’Allemagne. Ce qui commence comme une brillante idée (sur le papier) devient vite un enchaînement d’erreurs stratégiques. Chaque pont est censé être une victoire éclatante, mais on se demande vite si, quelque part, le réalisateur ne s'est pas dit "Et si on rajoutait encore un pont ?" pour la beauté de la fresque. Entre chaque échec militaire et parachutiste perdu dans les bois, le spectateur peut se sentir un peu… perdu lui aussi.

Pourquoi ce film semble autant ambitieux que laborieux ?

1. Un réalisme militaire… très (très) exhaustif

Richard Attenborough ne lésine pas sur les détails, et c’est à double tranchant. Certes, le film est réaliste, les parachutistes sont partout, les chars crissent et les tirs fusent. Mais à force de vouloir tout montrer, Un pont trop loin finit par noyer le poisson (ou l'infanterie). Si vous aimez les détails militaires et que trois heures ne vous effraient pas, tant mieux. Sinon, vous risquez de lever les yeux au ciel dès la première demi-heure, perdu entre les uniformes, les lieux,...

2. Le casting des superstars : on les voit, mais pas trop

Rassembler Sean Connery, Michael Caine, Gene Hackman et Robert Redford, c’est impressionnant… sur le papier. Mais dans les faits, chacun se voit attribuer une part de gâteau si petite qu’on a juste le temps de se dire “Oh, Sean Connery !” avant qu’il ne disparaisse derrière un autre bataillon. Au lieu de créer une symbiose de talents, le film distribue ses vedettes comme des cartes, sans vraiment jouer de la main qu'il a.

3. Des scènes d’action interminables

Les batailles sont grandioses, certes, mais à quel prix ? Les échanges de tirs, les explosions, tout cela finit par devenir répétitif. Après le troisième parachutage, on se demande sérieusement si Attenborough n’a pas trouvé un moyen de recycler les mêmes scènes pour gagner du temps. Le film veut être spectaculaire, mais il tourne parfois à l’obstination. Il y a du combat, encore du combat, et entre les deux… du combat. Tout cela pour dire que si vous êtes fans des longueurs, vous serez servis.

Des personnages héroïques, mais éphémères

Le souci dans Un pont trop loin, c’est que les personnages, aussi charismatiques qu'ils soient, finissent par se fondre dans la masse. Difficile de s’attacher à un Sean Connery qui apparaît ici, un Robert Redford là, quand ils sont entourés de centaines de soldats anonymes et d'un scénario qui laisse peu de place à l’intimité. Ils sont héroïques, certes, mais on a parfois l’impression qu’ils sont là pour faire joli, comme des figures décoratives sur une fresque trop remplie.

Une leçon sur les limites de la stratégie… et du montage

On le sait, Un pont trop loin veut dénoncer les erreurs de la stratégie militaire. L’ambition des Alliés a dépassé la réalité du terrain. C’est intéressant et pertinent, mais cela donne un film où l’on sent bien que les erreurs ne sont pas uniquement militaires : il y a aussi quelques failles de montage et de rythme. Chaque scène aurait pu être resserrée, chaque bataille un peu réduite. À trop vouloir tout raconter, Attenborough semble lui-même avoir tenté un pont… trop loin. En plus, il faut savoir duquel on parle. Préparez votre carte ou au moins un bloc-note.

Un monument du film de guerre, mais qui en fait un peu trop

Alors, est-ce un film marquant ? Absolument. Est-ce un film qu’on peut regarder en boucle ? Honnêtement, il faut être prêt. Entre les scènes interminables de bataille, le casting sous-exploité, et une intrigue qui manque parfois de clarté, Un pont trop loin est une expérience que l’on savoure une fois… et qu’on peut difficilement recommander à ceux qui préfèrent la concision. C’est un monstre du cinéma de guerre, un peu comme ces ponts qu’on finit par ne plus pouvoir traverser, faute de patience ou de matériel.

Les + : casting impressionnant, réalisme militaire, effort historique.

Les - : longueur excessive, intrigue enlisée, repère inexistant.

★★★☆☆ : film vu une fois et j'ai rapidement perdu le pont fil, pourtant je me suis accroché trois heures.